L'herbe est t'elle réellement plus verte ailleurs ?

  • Le 18/12/2023
  • 2 commentaires

Dans le bocage tout le monde sait que si les vaches passent sous les clôtures, c'est parce que l'herbe est plus verte chez le voisin ...

Dans le petit monde de l'image de nature il semble que ce viel adage soit en passe de "reverdir" ! Aujourd'hui les photographes se marquent à la culotte et se succèdent sur les plus grands spots naturels mondiaux : qui sera le premier à présenter des images de telle ou telle espèce à un concours prestigieux, ou à médiatiser la dernière rareté planétaire ?  Le fantasme de la notoriété fait des dégats, et pas que chez les grands photographes:  sur les forums et les réseaux sociaux on assiste à des déversements de clichés redondants, issus des mêmes affûts payants et des mêmes spots hyper fréquentés, où l'on reconnaît les branches, les supports, et les décors dans lesquels les animaux évoluent. Ces sites de prise de vue sont de véritables miroirs aux alouettes pour ceux qui pensent en revenir avec des images originales : nous les avons déjà toutes vues et revues, et depuis plus d'une trentaine d'années pour certaines générations de photographes !

Alors faut t'il absolument voyager pour s'émerveiller d'un spectacle naturel, n'y a t'il pas autour de chez soi une espèce sauvage digne d'être mise en image, des paysages ou des ambiances et des lumières qui forcent l'admiration ? A croire que non, si l'on écoute ceux qui ne rêvent que de la chouette harfang, des ours d'alaska, et du confort des affûts payants espagnols, hongrois, ou finlandais. Beaucoup de ces photographes pensent encore que l'origine des images que l'on présente au public n'a pas d'importance. Ils ont oublié que ce qui fait l'attrait d'une belle image de nature ce n'est pas que l'inaccessibilité d'un paysage ou d'une espèce animale, sa rareté, ou encore sa morphologie remarquable :  l'intérêt se porte aussi sur des critières plus subtils, souvent difficiles à définir, et relatifs aux émotions vécues par les spectateurs d'une scéne naturelle, qui peuvent autant apprécier les caractéristiques techniques d'une image, que le moment de nature qu'elle représente.  Derrière certaines images de faune locale se cachent de beaux moments de communion naturelle, où le photographe aura vécu sa quête comme l'aboutissement d'une démarche naturaliste complexe, qui aura nécéssité beaucoup d'investissement personnel et d'abnégation avant de réussir. A cela, les inconditionnels de la photographie exotique répondront que les images de faune locale sont communes, qu'elles présentent des espèces peu valorisantes pour le photographe, et que tout le monde peut aisément les réaliser...Nous ne sommes pas tous égaux devant l'expression d'un spectacle naturel : certains sont touchés par la moindre sauvagerie qui se présente à eux, d'autres veulent absolument qu'elle soit exceptionnelle pour s'y intéresser.

Pour ma part, je pense que bien connaître les espèces sauvages qui nous entourent est important, car elles ont plus que jamais besoin de notre attention : rien ne semble plus banal qu'une image de triton ou de rainette, pourtant ces animaux sont en passe de disparaitre parce qu'on s'intéresse moins à eux qu'aux ours blancs. Pas besoin de voyager loin pour se rendre compte que les mares, les haies, et les talus, ont été rasées par les pelles mécaniques, et qu'observer une couleuvre à collier ou un lézard vert est devenu compliqué en certains endroits. Pourtant, ces espèces observées et photographiées dans leurs environnements encore intacts, sont une source de bonheur et d'émotion intense pour un naturaliste. Je souhaite à tous de vivre ces moments simples, au détour du petit bois ou de la mare du coin, et de découvrir des voisins encore libres et sauvages...

 

 

Commentaires

  • ROBERY
    Bonjour
    J'adhère à l'ensemble de votre texte et de sa rédaction.
    Merci
    Guy
    • René REBOUX
      • René REBOUXLe 04/03/2023
      Bonjour, Je vous remercie d'avoir pris le temps de donner votre avis sur ce texte. Cordialement, René.

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